Il est des métiers qui se laissent difficilement deviner, mais sans lesquels administration et terrain d’exploitation ne pourraient tourner : Aurore assure la sûreté entre machines géantes et gaz toxiques dans les espaces confinés.
Celle à qui l’on a confié, dès son arrivée, la journée de la sécurité, s’est vue organiser une improvisation scénique et même accomplir l’exploit de transformer les exploitants en acteurs. Un coup de théâtre pour la jeune manager que l’on pensait effacée, et qui soudainement leva le rideau sur toutes ses facettes : « J’en garde le souvenir d’un moment important. J’ai pris confiance en moi et j’ai été touchée par les félicitations. »
Si l’élève s’oriente dans la technique lors de ses études en génie mécanique pour mettre à mal les clichés d’expertises encravatées, elle redirige déjà le flux de ses cours dans l’hydraulique et celui de ses stages dans les barrages, faisant de son arrivée chez Veolia une évidence, plutôt qu’un choix :
« Je ne saurais expliquer pourquoi, et cela sonne probablement bizarre, mais ce qui m'a toujours attirée, c'est l'eau et l’assainissement. Sur le papier, je n’avais clairement pas le profil et pourtant, le pari de la confiance et celui de me permettre d’accéder à ce niveau de poste ont quand même été faits. Cela témoigne d’une richesse humaine et d’une vraie qualité d'ouverture »
S’épanouissant un temps sous le regard attentif de sa directrice, Aurore enfile désormais les bottes d’une manager de service, pour suivre fièrement les traces d’un père responsable d’équipe dans le bâtiment : « Il a un service plombier dans son travail, et quand il m’en parlait, il avait l’air tellement heureux ! Depuis toute petite, quand je l’écoutais, je me voyais manager. Un moment, je me suis perdue dans la technique, mais j’y suis revenue et j’y suis arrivée ! »
Parce qu’elle perçoit en l’écologiste zéro-défaut un mythe fumiste, Aurore cherche à respecter son pacte du minimum d’impact sur l’environnement, sans pour autant édicter des dictons et nier ses nombreuses contradictions. En remontant à la source des montagnes de son enfance, elle ne peut échapper au constat de l’amère nature d’un hiver qui ne se vernit plus de neige ; mais à l’investissement économique vers les stations de ski, elle répond par l’investissement pragmatique en station d’épuration : « Même si ce que j’apporte aux gens n’est pas visible, le sens que je trouve dans mon métier est profond. Certains diront que c’est un pas trop petit pour la planète, mais moi au moins, je sais qu’il existe. Si je travaillais ailleurs, il n’y en aurait aucun. »
Décor de l’épuration à la réputation stationnaire, on oublie souvent qu’en coulisse, microscope et éprouvette animent une passion qui se déverse jusque dans les discussions. Si beaucoup ferment l’oreille, celui qui partage la vie d’Aurore serait capable d’énumérer, sans achoppement, tous les maillons de la chaîne d’assainissement.
Pour exécuter, mais surtout prévenir les katas, pour veiller sur la sécurité à travers son métier, Aurore sait qu’elle a eu raison d’exercer ardemment « sa force tranquille » dès l’âge de six ans. Quand elle n’enfile plus sa ceinture noire, la karatéka s’aventure dans d’autres combats arides, sur les terres d’une Rosa Luxembourg et d’une Olympe de Gouges. En ouvrant ses bandes dessinées dénuées d’eau de rose mais sûrement pas d’épine, elle rejoint La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ainsi que des discours émancipateurs, dont la lecture l’énergise et lui gonfle le cœur : « Toutes ces problématiques soulevées me prennent aux tripes, et j’aimerais pouvoir faire plus. Dans la rue, je ne sens pas les femmes suffisamment sereines et je ne supporte pas cette vulnérabilité. Heureusement, je ne la retrouve pas du tout dans mon travail. »
En termes de carrière comme de sujets sociétaux, Aurore sait que ce sont les petites rivières qui font les grands ruisseaux. Sans jamais se donner un genre, mais en continuant de sublimer les archétypes, elle mesure toute cette joie de remplir ses missions de cheffe d’équipe.
Ce que je souhaite exprimer aux femmes qui envisagent de faire mon métier ?
C’était ma vocation, mais je ne m’en pensais pas capable ! Je suis arrivée chez Veolia en alternance, puis je m’y suis construite avec l’appui bienveillant de la seule directrice de territoire de la région. Cette femme m’a donné l’opportunité d’y croire et m’a surtout donné ma chance. Alors, sans hésiter, je leur dirais à mon tour qu’elles peuvent avoir confiance en ce qu’elles veulent faire, et conscience qu’elles peuvent toutes arriver à leurs fins, comme tout le monde.
Si l’on me donnait une baguette magique…
On a toujours plus tendance à critiquer qu’à encenser. On se dit que c’est culturel et on se cache derrière cela, sans essayer de changer. Alors, j’agirais pour que les gens se rendent compte de la chance qu’ils ont, qu’ils soient moins dans le négatif et davantage dans le positif.
Ouvrir les coulisses de métiers peu connus, de "rendre visible l'invisible" via le parti-pris osé de la littérature, c'est le pari de cette série de portraits réalisée en association avec la Maison Trafalgar. Une écriture élégante, tendre et affûtée qui redonne ses lettres de noblesse à l'humain et aux émotions à travers les parcours de vie et les métiers de nos collaborateurs et collaboratrices.
Vous découvrirez ainsi, tous les mois, des portraits littéraires et photographiques de collaborateurs Veolia qui ont "osé le portrait" en se prêtant à cette expérience introspective et inattendue. Ils nous livrent des parcours de vie, des anecdotes qui donnent vie au terrain et à leur quotidien. Chaque écrit est unique, à l'image de nos collaborateurs, ils s'animent et dévoilent toute la richesse des personnalités qui composent la culture de notre entreprise. Tous ces témoignages ont un dénominateur commun, celui de faire un métier qui a du sens, en accord avec les valeurs profondes de Veolia.