Impliquer chaque famille dans le tri du plastique… et du reste

Le geste de tri, largement entré dans les habitudes des Français, est devenu le premier acte quotidien d’engagement pour tous ceux qui souhaitent contribuer à la préservation de l’environnement. Néanmoins, il peut encore être largement amélioré. En même temps qu’il importe de réduire la production de déchets à la source et d’engager les marques dans les bonnes démarches d'éco-conception, comment faire progresser le tri, pour permettre l’avènement d’une véritable économie circulaire ?
Mère avec son enfant recyclant des bouteilles en plastique dans une cuisine

Pour renforcer l'implication de chaque famille, faciliter la pratique du tri, inciter aux changements de comportements et proposer de nouvelles formes de récompenses sont des leviers clés.

Extension des consignes de tri, tarification incitative, dispositifs solidaires… chaque collectivité peut contribuer à la mobilisation de tous pour améliorer le tri à la source.

Propositions pour vos projets de territoires

Pour 2026, vous pouvez vous engager à :

  •  Proposition n°23   Instaurer un système de récompenses pour le tri des déchets, offrant des avantages chez les commerçants locaux ou des réductions sur les services municipaux pour encourager et valoriser les bons gestes de tri.
  •  Proposition n°24   Veiller à l'éclairage et à la sécurité autour des points d'apport volontaire des déchets pour encourager les dépôts.
  •  Proposition n°25   Élargir les horaires des déchetteries pour faciliter le dépôt des objets destinés au recyclage ou au réemploi.
  •  Proposition n°26   Mener une campagne d'ambassadeurs du tri en appliquant les dernières recommandations des sciences comportementales pour soutenir l’implication de chacun

> Retrouvez les 70 propositions pour vos nouveaux projets de territoire

Une pratique ancrée

9 Français sur 10
Près de 9 Français sur 10 déclarent que trier ses déchets au quotidien est un acte facile(1)

1er geste écocitoyen
Le geste de tri s’est installé comme premier geste écocitoyen pour les Français. (2)

70 % des Français
70% de nos concitoyens se disent préoccupés par les emballages, notamment ceux en plastique ( 55% des sondés).(1)

72 %
Des emballages ménagers sont recyclés, 62 % pour les papiers(3)

89% des Français
Se disent prêts à acheter des aliments emballés à partir de matières recyclées(3)

1,6 million de tonnes
1,6 million de tonnes de CO2 sont évitées chaque année par le recyclage des emballages, soit l'équivalent de 780 000 voitures en circulation pendant 1 an…(4)

50 kg
50 kg d’emballages triés par habitant et par an en moyenne dont :

  • 18 kg d'emballages en papier-carton, acier, aluminium et plastique et 
  • 32 kg d'emballages en verre. (2)

Mais Un besoin d'aller plus loin...

54 % des Français
admet avoir des doutes sur le choix de la poubelle adaptée au moment de jeter ses déchets. (1)

49 % des Français
se déclarent insuffisamment informés pour trier correctement leurs déchets. (1)

95 %
95% de la valeur des matériaux d’emballage plastiques sont perdus chaque année.(3)

 

Famille faisant le tri déchets papier

🔎 Que dit la réglementation ?

L'Union européenne s'est fixé des objectifs de recyclage ambitieux pour 2025 dans la directive-cadre relative aux déchets et dans la directive relative aux emballages et aux déchets d'emballages, à savoir :

  • • 55 % de recyclage et de préparation en vue du réemploi des déchets municipaux ;
  • • 65 % de recyclage pour l'ensemble des déchets d'emballages ;
  • • des objectifs de recyclage spécifiques par matière pour les déchets d'emballages (75 % pour le papier et le carton, 70 % pour le verre, 70 % pour les métaux ferreux, 50 % pour l'aluminium, 50 % pour le plastique et 25 % pour le bois).

La France, bien qu'elle remplisse ses objectifs sectoriels en matière de bois, carton, papier, verre, aluminium, métaux ferreux et déchets d’emballage, n'atteignait en 2020 qu'un taux de recyclage des déchets municipaux de 42,7% et de 21,4 % pour les déchets d’emballages plastiques.

Les déchets d'emballages plastiques seront au centre des préoccupations dans les années à venir. C'est à cet égard qu’en février 2024, le Conseil de l’UE a adopté la directive visant à donner aux consommateurs les moyens d’agir en faveur de la transition écologique et circulaire ! Ces nouvelles règles modifient la directive sur les pratiques commerciales déloyales et la directive relative aux droits des consommateurs. Cette approbation représente la dernière étape dans le processus décisionnel. La directive vise à informer et à responsabiliser les consommateurs pour qu'ils fassent des choix durables. Elle oblige les entreprises à fournir des informations claires sur l'empreinte environnementale, la durabilité, la réparabilité et la recyclabilité de leurs produits. La directive promeut les labels écologe 18 mars 2024, le Conseil de l’UE a adopté le règlement établissant un cadre pour assurer un approvisionnement sûr et durable en matières premières critiques, aussi connu sous le nom de loi sur les matières premières critiques (CRMA). Ce dernier est entré en vigueur en mai 2024.  En luttant contre l'obsolescence programmée et en favorisant la réutilisation, elle aide les consommateurs à contribuer à la réduction des déchets et à la protection des ressources naturelles, soutenant ainsi les objectifs environnementaux de l'UE.

Dernièrement, le CRMA est venu compléter le dispositif européen en visant à garantir un approvisionnement stable en matières premières essentielles pour l'industrie européenne. En identifiant les matières premières essentielles pour les secteurs industriels clés tels que l'électronique, l'automobile, l'énergie et la santé, cette initiative vise à renforcer la sécurité des approvisionnements et à prévenir les pénuries potentielles et les passeports numériques pour faciliter ces choix.

Faciliter le geste de tri

Pour permettre aux citoyens de concilier leur volonté d'engagement et leurs contraintes quotidiennes, les collectivités peuvent veiller à rendre le geste de tri plus facile pour tous.
Cela passe d'abord par une simplification au maximum des consignes de tri.

L'extension des consignes de tri permet ainsi de mettre tous les emballages dans le bac de tri, et limite les hésitations de chacun : au-delà des plastiques habituellement triés (bouteilles, flacons, …), le bac de tri accueille désormais pots de yaourts, barquettes, films, etc.

Ce qui permet d’augmenter dans les territoires concernés les déchets triés de 4 kg par habitant - 2 kg d'emballages en métal, papier-carton, verre et de bouteilles et flacons en plastique, et 2 kg de pots, barquettes et films en plastique.

Cette simplification doit s'accompagner de transparence et de pédagogie. Ainsi lorsque de nouvelles matières sont acceptées, il faut expliquer au citoyen que les centres de tri et les équipements ont évolué. Cela permet de trier de nouveaux emballages (film, pots et barquettes, petits métaux...) et de nouvelles résines plastiques (PS, PET opaque, PET multicouches). Une démarche indispensable pour assurer à tous que la gestion des déchets est effectuée avec toute la rigueur nécessaire.

Éliminer les réticences du quotidien, c'est aussi agir sur les territoires en repensant par exemple le maillage des points d'apport volontaire. En utilisant l'analyse des données liées aux quantités, à la nature, à la fréquence des apports, il est possible de repenser l'implantation des points d’apport afin de les adapter aux comportements, attentes et besoins réels des habitants. Un moyen précieux d'en améliorer l'efficacité !

En apportant de la flexibilité dans les règles de dépôt, dans les horaires autorisés par exemple ou dans le conditionnement des déchets, il sera possible d’inciter davantage les citoyens au tri.

En améliorant l’éclairage public ou en intégrant des dispositifs de vidéo surveillance sur les points de collecte, les riverains, les personnes âgées, les femmes seules, seront plus enclins à réaliser leurs dépôts en soirée par exemple.

Tri papier dans bacs de collecte

L'intelligence artificielle au service d'un tri des déchets plus efficace et précis

La startup Lixo - dont Veolia est partenaire - propose une solution innovante qui combine caméras, algorithmes et intelligence artificielle pour permettre une analyse en temps réel de la qualité du tri des déchets. Cette technologie permet d'identifier avec précision les différents types de déchets et de repérer efficacement les erreurs de tri, ce qui facilite la mise en place d'actions préventives et curatives ciblées. 
Le résultat : une amélioration significative du geste de tri des citoyens, davantage de matières recyclables extraites à partir des déchets ménagers, et une optimisation de la valorisation des déchets collectés. Cette approche novatrice contribue non seulement à une meilleure gestion des ressources, mais aussi à une réduction des coûts de traitement des déchets pour les collectivités.

Homme triant déchets plastiques

LE POINT DE VUE EXPERT

« L'un des principaux sujets pour encourager la pratique du tri auprès des citoyens, c'est la clarté des consignes à appliquer. Plus les consignes seront claires, plus elles seront simples à intégrer, plus elles seront stables dans le temps, plus elles pourront être comprises et appliquées par tout un chacun.
Pour encourager le tri, il faut aussi rendre plus concret le monde du tri et la réalité du recyclage pour le particulier. Au-delà des messages incitatifs et de la communication, l'organisation de visites et d'opérations portes ouvertes dans les centres de tri, auprès de groupes scolaires par exemple, contribue à impliquer les citoyens. »

Matthieu Carrère, Responsable Tri et Traitement Biologique - Recyclage et Valorisation des Déchets, Veolia

Inciter au changement de comportement

Des pratiques de tri facilitées seront d'autant plus adoptées que chacun y sera incité.
Parmi l'éventail des possibilités à envisager pour favoriser l’implication des familles dans l'acte de tri, la tarification incitative répond à un principe simple : le citoyen paie une redevance en fonction de la quantité de déchets qu'il aura généré.

Mais les modalités de mise en œuvre doivent être précisément considérées, pilotées et accompagnées pour que la tarification incitative délivre son plein potentiel.

Par exemple, s'agissant de la facturation, il est davantage recommandé de recourir au principe de la levée plutôt que de la pesée.
Si la pesée permet de connaître très précisément la quantité de déchets jetée par un habitant, elle s’avère assez onéreuse pour la commune et peut entraîner des comportements inciviques, sources d’éventuelles contestations.
La levée s'impose comme un critère plus vertueux car elle incite à présenter le bac seulement quand il est plein et génère ainsi des économies de collecte.

S'agissant du périmètre de déploiement, les arbitrages peuvent être difficiles à prendre. Trop souvent, la volonté d’harmonisation de la tarification incitative à marche forcée sur l’ensemble de l’intercommunalité s’avère contre-productive.

Il est ainsi recommandé d’adopter une démarche progressive, de s'inscrire sur le moyen terme et de mesurer, sur la durée d’un mandat par exemple, les résultats obtenus, mis en perspective avec la satisfaction des citoyens. Certaines communes, sans appliquer immédiatement la tarification incitative, et tout en considérant bien leurs propres spécificités, pourront bénéficier de l’effet d’entraînement des premières à s’engager.

S'agissant de la pédagogie, des informations précises et personnalisées doivent être apportées sur les factures. A minima, chaque citoyen doit pouvoir visualiser et comprendre sur sa facture la partie fixe de contribution au service (pour financer la déchèterie, le bac à déchets…), la partie variable liée à l’usage réel du service (mesuré, par exemple, par le nombre de fois où son bac a été collecté).

S'agissant de l’accompagnement, miser sur les interactions avec le tissu local est un prérequis indispensable. Dans le climat de défiance qui oppose parfois les citoyens à leurs institutions, il faut pouvoir capitaliser sur le relais de citoyens ambassadeurs ou d'associations, en vue d’organiser des opérations et initiatives locales comme des challenges de quartier, ou miser sur des campagnes d’émulation soutenues par les réseaux sociaux.
 

D'autres approches pour récompenser le geste de tri

Il existe également d'autres approches, innovantes et ludiques, pour encourager les citoyens à mieux trier.

Récompenser le geste de tri sur le moment

C’est ce que propose le dispositif Cliiink en offrant des récompenses immédiates et attractives.
Le principe est simple : le dispositif permet aux habitants de gagner des points pour chaque emballage en verre (bouteille, pot ou bocal) qu'ils jettent dans un récup'verre équipé du système Cliiink. Ces points, les utilisateurs peuvent les échanger ensuite contre des offres exclusives chez leurs commerçants locaux, pour leurs activités culturelles et sportives ou pour leurs loisirs. Pour cela, il leur suffit d'installer l'application gratuite Cliiink sur leur smartphone ou de demander une carte Cliiink dans leur mairie.

2 bacs de recyclage papier et verre

Utiliser les sciences comportementales pour susciter l'engagement

Les incitations non-financières peuvent être des leviers efficaces pour accompagner l'évolution des comportements. Information, ancrage local, émulation entre les habitants… voici quelques solutions inspirantes :

Rennes Métropole : l'impact du retour d'information sur la réduction des déchets ménagers
Une équipe de chercheurs en gestion et en psychologie sociale a testé avec le service déchets de Rennes métropole l’effet du “feedback” sur l’engagement des familles dans la réduction de leurs déchets résiduels.

Ils ont montré que si on les informe régulièrement de la quantité et de l’évolution des déchets résiduels qu’ils produisent, ils la réduisent davantage et plus durablement, sans contrainte, que ceux qui n’ont pas été informés. D'après ces chercheurs, alors que la politique de prévention de la métropole a permis une baisse de 12,8 % du poids des ordures ménagères résiduelles (OMR), le feedback a conduit à une baisse supplémentaire de 8,2%.

Valoriser le patrimoine naturel local pour sensibiliser au tri sélectif à Marseille: une stratégie gagnante

En 2018, Citeo a lancé un nouvel habillage de ses bornes de point d’apport volontaire mettant en valeur la flore locale, par exemple les superbes Ophrys de Marseille. 
Une façon de prendre en compte le contexte et la culture locale, tout en mettant en valeur l’objectif final du geste de tri : préserver nos écosystèmes. 
Une initiative qui a rencontré un franc succès local !

Pratique de tri

Encourager au geste de tri grâce aux normes sociales

Dans la ville de La Verne, en Californie, une expérimentation (5) menée auprès de 605 résidents a prouvé qu'il est possible de faire augmenter le volume de tri de 19 % en indiquant aux résidents le nombre de leurs voisins participant au tri et le volume que cela représente.
Le changement dans le comportement des habitants a perduré sur le long terme, bien après la disparition du dispositif.

Un nouveau ‘par défaut’ qui peut également modifier les comportements

Au milieu des années 2010, la ville d'Edimbourg a testé un dispositif pour inciter au tri sélectif des ménages en proposant un nouveau ‘par défaut’.
Les bacs d'ordures ménagères sont passés d'un format 240 litres à 140 litres, les rendant plus petits que les bacs de recyclage.
Résultat : une baisse de 40 % du volume d'OM, et 1 million de livres économisées par an (la non atteinte de leurs objectifs en matière de tri entraîne des sanctions).

D'autres incitations peuvent avoir un impact significatif : rassurer chacun sur sa liberté de s'impliquer ou non, sensibiliser en face-à-face, pré-engager, proposer de formaliser son engagement par écrit, féliciter, etc. Autant de leviers à mobiliser finement.

LE POINT DE VUE EXPERT

« Pour que l’implication des citoyens dans le tri soit durable, il faut savoir susciter un engagement sincère et profond.
Qu’il s’agisse du feedback, de la tarification incitative, de la consigne ou de la récompense, il ne faut refuser aucune idée, ne négliger aucune piste.
Toutes les mécaniques qui donnent des résultats sont bonnes à déployer. »

Franck Pilard, Responsable Collectivités Recyclage & Valorisation des Déchets, activité  Recyclage & Valorisation des Déchets en France, Veolia


Notes et références

1 Sondage Ifop, 2023 
2 Citeo, Atlas de la collecte sélective, 2023 
3 Baromètre de la transformation écologique Elabe Veolia, 2024 
4 ADEME 
5 P.W. Schultz “Changing behavior with normative feedback interventions: a filed experiment on curbside recycling” in Basic and applied psychology, vol.21, Issue 1, 1999