A l'occasion du Salon des Maires 2019, retrouvez ici une interview d’Antoine Frérot, PDG de Veolia, portée par Danielle Nocher, directrice de la rédaction de Valeurs Vertes.
Danielle Nocher : Depuis 2015 et la COP21, les enjeux climatiques se sont véritablement installés dans le débat public français. Depuis un an, et plus encore depuis cet été 2019, où de nouveaux records de chaleur ont été battus un peu partout en France, la préoccupation environnementale s’est encore intensifiée. Quelle en est votre perception ?
Antoine Frérot : Nous sommes clairement à un moment de bascule. L’enjeu de la protection de l’environnement, qui s’était installé à l’arrière plan du débat politique depuis 10 ou 20 ans, est en train de passer au premier plan. Il est passé en tête des préoccupations des Français, aux côtés de la qualité des soins et de l’évolution du pouvoir d’achat, et concerne 91% des Français. Au-delà des phénomènes les plus visibles, des grèves lycéennes aux prises de parole citoyennes, c’est bien l’ensemble de la population qui se retrouve autour de l’importance de faire face aux dérèglements du climat et aux atteintes faites à la planète. Cela transcende les catégories sociales et les clivages traditionnels. Et c’est pourquoi l’environnement se retrouve aujourd’hui, comme en témoignent plusieurs enquêtes, en tête des attentes des Français pour les prochaines élections municipales.
D.N. : Face à la dimension planétaire de l’enjeu, quelle peut être la place de l’échelon local ?
A.F. : Il est central. Tous les échelons ont bien évidemment leur rôle à jouer. Mais le niveau local a ceci de particulier que c’est là que peuvent le plus naturellement se retrouver toutes les volontés d’avancer. C’est là que les individus peuvent apporter concrètement leur pierre à l’édifice. C’est là que les associations et les ONG font preuve de leur capacité à traduire leurs engagements. C’est là que les entreprises peuvent apporter leur expertise. C’est là qu’existe des pouvoirs publics ayant une connaissance fine du tissu local, capables de fédérer des initiatives.
Et les Français ne s’y trompent pas : ils reconnaissent à chacun, aux États bien sûr, mais aussi aux individus, entreprises, ONG, une forte capacité agir. Ce qu’ils attendent aujourd’hui, c’est une coopération entre tous pour changer la donne.
se retrouver toutes les volontés d’avancer.
D.N. : Mais peut-on effectivement “changer la donne” ? N’est-ce pas trop tard ?
A.F. : Il ne s’agit pas de dédramatiser la situation dans laquelle nous sommes, mais oui, nous pouvons encore changer la donne. A condition de s’y mettre vigoureusement, collectivement, et sans tarder. Veolia a réalisé début 2019 une étude avec le cabinet Roland Berger : à eux seuls, les services à l’environnement peuvent permettre de réaliser 30% de la baisse des émissions de gaz à effet de serre nécessaire pour limiter le réchauffement climatique à +2°C. Il y a, dès aujourd’hui, des leviers dont les collectivités peuvent s’emparer.
D.N. : Quels sont les leviers prioritaires ?
A.F. : Ils sont nombreux. Quand on sait que, en Europe, 75% des bâtiments ont une faible performance énergétique, et que seulement 1% de la chaleur fatale est récupérée, l’efficacité énergétique est évidemment un levier majeur.
Des progrès significatifs peuvent également être conduits en matière d’économie circulaire. Nous pouvons moins jeter, mieux trier, mieux recycler, mieux valoriser. Et puis, il ne faut pas faire l’impasse sur la nécessaire adaptation au changement climatique : améliorer et garantir le service de l’eau, développer de nouveaux usages comme la réutilisation des eaux usées traitées, doivent être des considérations de premier ordre.
D.N. : Les enjeux environnementaux sont-ils exclusifs de tout le reste ?
A.F. : Evidemment non. Prendre soin de l’environnement, c’est aussi prendre soin de chacun. Les enjeux environnementaux sont intimement liés aux enjeux sanitaires et sociaux.
Lutter contre la pollution de l’air à l’intérieur des écoles, c’est améliorer la santé des écoliers, des enseignants, des personnels qui y travaillent. Réduire le taux de calcaire dans l’eau, c’est retarder l’obsolescence des appareils électroménagers, mais c’est aussi améliorer le pouvoir d’achat des familles.
D.N. : Comment hiérarchiser les projets au niveau local ?
A.F. : Chaque territoire a ses spécificités : des besoins, mais aussi des leviers qui lui sont propres. Selon qu’ils soient à dominante industrielle, tertiaire ou agricole, peu ou densément peuplés, urbains, péri-urbains ou ruraux, leurs caractéristiques et leur mode de contribution au défi qui est posé est différent. Mais tous ont quelque chose à apporter.
C’est à partir de la connaissance de leur territoire par les élus, les collectivités, dans le dialogue avec tous, au premier rang desquels les citoyens, que l’exercice peut être conduit.
D.N. : Veolia a récemment dévoilé sa raison d’être. En quoi cela peut être utile à vos clients ?
A.F. : La conviction que nous portons, c’est qu’une entreprise n’est pas utile parce qu’elle est prospère, mais qu’elle est prospère parce qu’elle est utile.
C’est pour cela que les solutions que nous portons, nous les concevons avec le souci d’être toujours le plus efficace, en mesure de faire la meilleure différence. Le fait que nous nous soyons dotés d’une raison d’être est la garantie, pour nos clients, que nous nous inscrivons chaque jour dans cette dynamique avec détermination.
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